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Un partenariat gagnant grâce au soja Un partenariat gagnant grâce au soja

Dans l’Indre, Daniel Rouillard produit du soja qu’il vend à des éleveurs voisins. Ceux-ci privilégient une alimentation locale et valorisent une partie de leur viande en direct.

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Le partenariat entre Daniel Rouillard, cultivateur à Vicq-Exemplet, dans l’Indre, et le Gaec Augros, qui élève des charolaises à quelques kilomètres, a démarré à la suite d’une formation au CER. « C’était il y a une dizaine d’années, se remémore Daniel Rouillard. Les frères Augros et moi avons suivi un stage sur les échanges entre éleveurs et céréaliers. Peu de temps après, l’idée d’un échange de luzerne entre nous a germé. »

En 2011, Daniel Rouillard implante 9 hectares de luzerne sur des terres argilo-calcaires. Le partenariat entre l’agriculteur et les éleveurs s’installe. Pour les frères Augros, qui souhaitaient renforcer leur autonomie alimentaire, l’essai est concluant. Ils implantent, eux aussi, de la luzerne sur leur exploitation, qui en compte aujourd’hui 30 hectares.

Mais la culture n’est pas assez rentable pour Daniel Rouillard, qui décide de se lancer dans le soja, qu’il avait déjà cultivé trente ans auparavant. En 2017, il en sème 9,5 hectares, à la place du tournesol. Le résultat est très positif, avec un rendement de 33 q/ha. « Le soja présente de nombreux atouts dans l’assolement, souligne l’exploitant. Il demande moins d’irrigation que le maïs et c’est une culture qui permet de lutter contre l’ambroisie, grâce à l’utilisation du Pulsar 40. » En outre, le soja est peu gourmand en intrants : l’agriculteur n’a utilisé ni fongicide, ni insecticide, ni azote minéral.

Une culture économique

Avec un prix de vente à 350 euros la tonne, Daniel Rouillard a dégagé 200 €/ha de résultat net sur cette culture la première année. Les charges seront moins élevées les années suivantes, car il n’aura pas besoin de renouveler l’inoculation (34 €/ha) et fabriquera ses propres semences de ferme. « Enfin, le soja permet aussi d’économiser de l’azote sur le blé suivant, à hauteur de 30 % environ », poursuit-il.

En 2017, Daniel vend 20 tonnes de soja à Gilles et Jean-Pierre Augros, qui se font épauler par un nutritionniste indépendant (lire encadré), afin d’ajuster les rations de leurs charolaises. « Il y a dix ans, tous nos aliments étaient achetés à l’extérieur, se souvient Gilles. Aujourd’hui, nous produisons du blé, du maïs, de la luzerne, un mélange de sorgho-trèfle et des prairies temporaires à base de dactyle, ray grass et trèfle. Et grâce au soja, nos vaches sont locavores à 100 %  !  »

Cette évolution s’apprécie également sur les comptes de l’exploitation : le poste aliments a été divisé par trois en dix ans, passant de 90 000 à 30 000 euros par an. « En contrepartie, nous passons davantage de temps sur la mélangeuse, pour obtenir des rations bien homogènes, mais nous observons de meilleures performances chez nos animaux », complète Jean-Pierre.

Valoriser le non-OGM

Cette volonté d’autonomie est d’autant plus importante pour les frères Augros, qu’ils se sont lancés dans la vente de viande en circuits courts depuis deux ans. « Il nous semble essentiel de pouvoir expliquer à nos clients que nos animaux ne consomment pas de soja OGM importé, mais des aliments produits localement », expliquent les frères. Avec un abattoir à 35 km de l’exploitation et un atelier de découpe à proximité, ils vendent deux bêtes par mois via un site internet de vente directe (1). Cela représente environ 20 % de leurs ventes, les animaux restants étant livrés à la coopérative. « À terme, nous aimerions vendre toutes non bêtes en direct, en trouvant des débouchés dans la restauration collective, ou en fidélisant un boucher, par exemple », font-ils savoir.

Fort de cette expérience positive avec le soja, Daniel Rouillard prévoit d’en semer 25 hectares cette année. Il souhaiterait le vendre auprès d’autres éleveurs ou pour l’alimentation humaine. « C’est extrêmement valorisant de savoir comment est utilisé ce que l’on a produit, et de pouvoir échanger entre voisins, souligne-t-il. Je trouve aberrant de ne pas pouvoir vendre mon blé directement aux éleveurs… Mais puisque c’est autorisé pour le soja, autant en profiter ! »

(1) www.viande-du-nutritionniste.com

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